lundi 11 août 2014

Un fantôme collatéral...Edouard Jules Paul Pierre MATHIS


Le chemin de tout généalogiste est unique en soi...


Il arrive de faire des découvertes surprenantes lorsque l'on poursuit une recherche sur sa famille.


Mon arrière grand-père Charles Marie Alexandre MATHIS déjà cité dans un précédent billet ne parlait pas souvent de sa famille... cela devait être un peu tabou....

Je n'allais pas tarder à savoir pourquoi...

Mon aïeul exerçant le noble métier d'instituteur de village jusqu'à l'aube de la deuxième guerre mondiale, était plus enclin à s'occuper des mômes, du jardin et des fleurs, qu'il dessinait admirablement bien, ainsi que les gravures sur métal....que d'aller guerroyer comme l'avait fait son père et son frère ainé sur les routes de France et d'Afrique...

Non, c'était un doux, un gentil, qui ne parlait que peu sinon à ses roses....

Tu parles, 7 femmes à la maison, son petit-fils (mon parrain) en sus....Il devait en avoir de la tolérance...


Alors, voilà, dans la famille, on ne savait pas grand chose sur cette branche MATHIS, sinon des histoires pas sures et de maigres pistes vite masquées par un voile de secrets, de non-dits ou de non-su....


Et puis, je m'y suis attelé, à chercher le pourquoi du comment, les lieux parfois lointains de vie de mes aïeux, leurs campagnes militaires, des explications pour aller plus loin...

Le chemin s'est ouvert, et la randonnée généalogique a débuté.

J'ai pu reconstituer une partie du puzzle, mais des épines sont vite apparues, notamment une considérable zone d'ombre entourant le père de Charles Marie Alexandre MATHIS, Marie Charles Athanase MATHIS.

Fils de Jean-Pierre MATHIS, instituteur à Vomécourt, près de Brû, dans les Vosges, du côté de Rambervillers, et de Anne-Marie COLIN, Marie Charles Athanase vient au monde le 30 septembre 1845, à Vomécourt justement.

Il meurt le 26 mars 1890 à Saint-Léonard (88) à 44 ans.

Entre les deux, il est Lieutenant au 68ème de ligne (Régiment d'Infanterie), décoré de la Médaille Militaire et il est marié à Marie Alphonsine SIMON du Mans (72).

Son fils, Charles Marie Alexandre, est né à Saint-Léonard, en 1884, son père ayant 39 ans... Je me suis toujours dit que il n'était pas si jeune pour avoir un enfant, mais soit...

Paul Athanase, le petit frère est arrivé en 1885 et Marie Sophie en 1886...

Mon arrière grand-père s'étant marié au Mans, la ville de naissance de sa mère, j'orientai mes recherches vers ce lieu.

C'est alors que les archives de la Sarthe ont mit en ligne leurs Registres Matricules et j'ai tenté une nouvelle recherche, plus posée, plus méticuleuse...

Les résultats pour "MATHIS" m'ont vite donné une énorme surprise :





Donc ça...

Je découvre un arrière grand-oncle dit "fantôme" : dont on ne soupçonnait pas l'existence...

Edouard Jules Paul Pierre MATHIS, né le 18 août 1881 à Issoudun, Indre (!) dont les parents sont domiciliés au Mans. Il sera Clerc d'Avoué.

Ajourné en 1902 et exempté en 1903 pour perte presque totale de la vue de l'oeil droit....

Ca part mal pour une fiche matricule intéressante...

Mais le feu d'artifice vient après.



Edouard est l'aîné d'un Lieutenant d'Infanterie, la carrière militaire ne peut lui échapper.

Le 26 janvier 1906, il est engagé volontaire pour 5 ans à la Légion Étrangère au 2ème Régiment à Bordeaux.

Non, mais !








Il devient Jean POVVLE (sujet belge).

Soldat de 2ème classe le 07 février 1906, 1ère classe le 11 juillet 1909.


En 1911, il rempile pour 5 ans, mais sous son vrai nom.


2ème canonnier servant le 11 avril 1911 au 3ème Régiment d'Artillerie Coloniale.

2ème canonnier conducteur le 16 octobre 1911.





Brigadier le 17 juillet 1913, Maréchal des Logis le 16 février 1916.

Maréchal des Logis Chef le 20 avril 1918.


Détaché à la Garde Chérifienne de février à octobre 1920.

Libéré le 7 avril 1921 après 15 ans de service.



Campagnes :

- Algérie : février 1906 à septembre 1907

- Région de Casablanca (occupation militaire) : septembre 1907 à octobre 1910

- Algérie : octobre 1910 à janvier 1911

- Maroc (guerre) : juin 1912 à août 1914

- Allemagne : août 1914 à octobre 1919

- Maroc (guerre) : octobre 1919 à avril 21


Citations, blessures, décorations :


- Le 19 janvier 1906, a été atteint d'un coup de feu en section superficiel, par projectile de petit calibre, de la face antérieure de la cuisse gauche au 1/3 inférieure B de G. (bas de genou) de gravité moyenne.


- Cité à l'% des troupes coloniales du Maroc JO n° 112 du 5 décembre 1914 :

"Le 15 septembre 1914, conduisant les animaux au pâturage, a été assailli à 3 km du poste de Guelmons par une centaine de cavaliers Traïans qui ont ouvert à très courte distance un feu très violent sur son détachement. Grace à son sang-froid et aux bonnes dispositions qu'il a prises, n'a eu qu'un homme et quelques animaux grièvement blessés et maintenant ses adversaires à distance par son feu, à donné le temps à la garnison du poste de venir le dégager.


- Citation à l'ordre des Troupes débarquées. Ordre général n° 35 du 15 décembre 1916 :

"Blessé le 19 janvier 1916 au combat d'El Bordj, n'a pas voulu quitter son poste de chef de pièce donnant aux marocains le plus bel exemple de bravoure et de sang-froid sous le feu.



- Médaille commémorative du Maroc avec agrafe Casablanca, agrafe Maroc décret du 4 juin 1913.





- Ouissam El Alaouite : Chevalier le 24 octobre 1914.






- Médaille coloniale avec agrafe Maroc




- Croix de guerre 14/18 avec palmes (2)





- Médaille Militaire en date du 23 juillet 1918






En avril 1921, il se retire à Rabat, au Maroc et finit ses jours à Salé, non loin de là pour s'éteindre en mai 1946.

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Alors, voilà, l'ainé Edouard ayant fait ce type de carrière, le cadet Charles a eu toutefois son heure de gloire le 30 août 1914 au Col de la Chipotte dans les Vosges :





Sa croix de guerre n'aura qu'une palme, mais bon...



Le Maroc sera peut-être plein de surprises futures dans mes recherches....qui sait ?