jeudi 18 janvier 2018

Mémoires généalogiques de ma grand-mère : chapitre 5


Résumé des chapitres précédents : ma grand-mère Huguette BAUDINET (1923-2015) a décidé il y a 15 ans de raconter la vie de ses aïeuls.

Après l'histoire de son arrière grand-mère maternelle Manthélasie (chapitre 1), celle de Maria Germaine BOCQUET (chapitre 2), sa grand-mère maternelle, celle de sa grand-mère paternelle, Berthe Léonie TOUPET (chapitre 3), celle de son père, mon arrière grand-père, Fernand Alfred BAUDINET (chapitre 4), nous allons conclure ces biographies aujourd'hui avec celle de la grand-mère maternelle de Jean LARUE, époux d'Huguette, mon grand-père : "Les confidences de Grand'mère Léa".









NDR : Marie Léa CUIF est née le 21 novembre 1879 à Viel-Saint-Remy (08). Son père François Gustave (1850-1933), cultivateur à Viel-Saint-Remy, et sa mère Marcelline LEROUX (1858-1942) se sont mariés le 26 janvier 1878 dans la même commune.




Marie Léa se marie le 5 février 1896 à Viel avec Pierre Amédée HERBAY (1871-1927).
Il est boucher. 
Elle a 16 ans.




Pierre Amédée sera prisonnier civil le 26 août 1914. Il rentrera en France le 20 octobre 1918 après s'être évadé.



Ils auront 6 enfants : Eugénie Jeanne Renée (mon arrière grand-mère) en 1897, Marcel Gustave Jean en 1898, Julie Marie Renée en 1899, Simone Marcelle en 1903, Jean Pol en 1905 et Georges Pierre en 1907.





Voici le texte de ma grand-mère Huguette :

"En janvier 1964, Grand'mère Léa tomba sur le verglas et se cassa le poignet. Un lointain cousin de Grandchamp nommé TINOIS, rebouteux, lui remit ses os en place et consolida le tout avec un morceau de carton et une petite bande légère...

Elle vint pendant une dizaine de jours chez nous à Braux (NDR : Bogny-Sur-Meuse) en attendant que ma belle-mère Jeanne, sa fille, rentre de Houdain.

Voici quelques-unes des "confidences de Grand'mère Léa (Elle aurait aimé qu'on l'appelât "Mère-Grand") :

1 - L'école

Lorsque Léa eut 5 ans (NDR : en novembre 1884), sa mère, Man Céline, la conduisit à pied à l'école des filles de Viel-Saint-Remy. Il y avait 4 kilomètres entre la cense (le hameau) du Ronceau et le village. Sa mère la confia à l'institutrice ainsi que la "gamelle" dans laquelle se trouvait son repas de midi.
En partant, elle lui dit : "Tu as vu la route; ce soir, tu repartiras seule, tu trouveras le Père "Untel" à la croisée des chemins (lesquels ? Grand'mère ne me les nomma pas) et tu reviendras avec lui".

Je n'ai pas pensé de lui demander comment elle était chaussée pour faire ses 8 kilomètres par jour et par tous les temps.

-Le 1er octobre 1882, les 3 soeurs de Sainte Chrétienne sont remplacées par une institutrice laïque sur proposition du maire de Viel du 4 juin 1882. Mais les soeurs continuent à exercer à titre privé. Où Léa a t-elle été à l'école ?... lu dans "Vie d'un village de France" par Jean Jacques LEROUX"-




Viel-Saint-Remy 1917, soldats allemands sur la place




2 - La demande en mariage

Quant Léa eut 14 ou 15 ans, sa mère l'emmena aux fêtes de village des environs : Viel-Saint-Remy, Wagnon, Sery...

Pour ces sorties, elle lui fit faire une jolie robe à fleurs. Amédée, son mari, lui rappellera qu'il avait beaucoup aimé cette robe. Il connaissait Léa pour l'air vu aux Ronceaux quand il venait acheter des bêtes.

Suivant l'usage, il vint faire sa demande en mariage.

Quand il arriva, Man Céline et Léa le firent entrer auprès du Père Gustave et très discrètes, sortirent, mais, futées, écoutèrent derrière la cloison du poulailler qui jouxtait la cuisine.

Les deux hommes discutaient assis devant la cheminée.

Naturellement, le père trouvait sa fille bien jeune, mais Amédée lui répondit : "Justement, je la formerai".

Le pauvre ! Il ne se doutait pas qu'il allait s'allier à une maîtresse femme que ses gendres appelleront "La Patronne".

Au mariage en 1896, Grand'mère Léa avait 16 ans et Amédée 24.




Léa et ses 5 enfants : Jeanne, Renée, Marcelle, Pol et Pierre entre 1914 et 1918






3 - L'anniversaire

Je ne sais à quelle époque se situe cette anecdote.

Pour l'anniversaire de Léa, Amédée lui offrit une jolie plante. Léa trouvait le cadeau peu important et remerciait du bout des lèvres.

Mais Amédée de lui dire : "Cela te plait-il ? Regarde ces fleurs comme elles sont jolies..."

Le jeu dura un certain temps jusqu'au moment où Léa découvrit, cachées dans deux fleurs, deux boucles d'oreilles où brillait dans chacune un superbe diamant.




Léa, les pieds dans l'eau, août 1952. Francine BOUDET à gauche, Jeanne HERBAY à droite

4 - Nos souvenirs

Au mariage de François, notre fils, qui eut lieu dans les Vosges en septembre 1970, Grand'mère Léa avait participé aux festivités avec brio, mangé et bu comme tout le monde, dansé un slow et s'était couchée vers 2h du matin.

Le lendemain, Robert (NDR : le frère de mon grand-père, à droite sur la photo) fut chargé de la ramener à Viel car nous ne revenions que le surlendemain (avant de partir, elle avait fait sa gymnastique).

Donc, le lundi, nous reprenons le chemin du retour, assez fatigués et inquiets des conséquences de cette journée de liesse. 
Nous repassons par Viel.

Là, personne, porte fermée, pas de bruit...

Nous pensons : "Elle est malade".

Mais la voisine nous interpelle : "Madame Herbay est au jardin !".

Nous y courrons croyant trouver Grand'mère affalée sur une chaise longue.

Que nenni ! Nous la découvrons, gaillarde, la fourche en mains, retournant son compost...

Grand'mère Léa allait avoir 91 ans !!!"




Léa et son chapeau noir à la sortie de l'église après le mariage



Ma grand-mère Huguette avait envoyé ses textes aux membres de la famille accompagné de cette lettre :

"Voici mes élucubrations écrites par épisodes entre deux occupations ménagères ou autres.
Je m'aperçois qu'il n'y a pas beaucoup d'unité grammaticale.
J'ai écrit parfois à l'imparfait, au passé simple ou même au présent. Tant pis pour les critiques que pourraient faire des intellectuels de la famille.
(J'espère qu'il y aura plus de matheux que de littéraires pour lire cette prose)
J'ai écrit avec mes souvenirs, donc contestables car on a tendance à enjoliver ou à dramatiser les événements que l'on a pas vécus mais que l'on vous a racontés.
Donc si quelqu'un (qui ? à part ma tante) avait des rectifications à faire, je les accepterais volontiers."







Mariage LARUE - HERBAY le 24 août 1919 à Charleville. Léa est à gauche de la mariée




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