samedi 15 septembre 2018

Du rififi à Vaucouleurs - Épisode 1


Vendredi matin, 8 heures... Mairie de Cornimont dans les Vosges.

Nous sommes le 31 octobre 1890. Auguste JOANNÈS est venu déclarer son sixième enfant, Arthur Louis.






Après Charles Louis né le 31 mai 1881 et décédé le 27 août 1881 à Plainfaing, Marie Augustine née le 9 septembre 1882 dans la même commune, Joseph Émile né le 28 octobre 1884 à La Forge, Georges Auguste né le 24 mars 1888 et décédé le 3 juillet de la même année à Cornimont, Charles Constant né le 11 mars 1889 dans la même commune et décédé le 1er août 1918 au Creusot, Arthur Louis aura une soeur Marie Joséphine née le 16 avril 1893 à Rochesson, décédée le 8 mars 1971 à Bayon et un frère Adrien né et décédé le 4 juillet 1894 également à Rochesson.








Auguste est un sagard, un ouvrier qui débite le bois en planches, dans les scieries des Vosges. Il est né à Fraize.

Il est marié à Marie Alexandrine THOMAS depuis le 27 août 1880 à Plainfaing.







Lorsque Arthur Louis vient au monde, sa soeur Marie Augustine est âgée de 8 ans, son frère Joseph Émile a fêté ses 6 ans depuis deux jours et son frère Charles Constant a 19 mois.

Il sont désormais six à la maison...

Pour la naissance de Marie Joséphine, le 15 avril 1893, la famille est domiciliée à Rochesson.

On retrouve sur le recensement de 1896 le foyer des JOANNÈS :








En 1906, la famille n'est plus composée que de deux enfants du couple : Joseph Émile et Marie Joséphine. Ils vivent à Ban-sur-Meurthe-Clefcy :









En 1911, les JOANNÈS ont quitté les Vosges pour la Meurthe-et-Moselle. Ils sont présents sur le recensement de Laneuveville-devant-Nancy avec Arthur Louis qui les a rejoint :








Les deux frères sont manoeuvres, employés comme ouvriers d'usine à Saint-Nicolas-de-Port, commune limitrophe.

Arthur Louis est de la classe de recrutement militaire de 1910. 
Il devrait être incorporé en 1911... Mais il est classé dans la 5e partie de la liste de recrutement pour faiblesse. 
En 1912, il est classé dans la 2e partie de la liste pour "cicatrice adhérente et ankylose des 2 phalanges du gros orteil gauche".








Le reste de la fiche matricule est vierge.

On y apprend néanmoins qu'Arthur Louis mesure 1m69, qu'il a les cheveux châtains, les yeux gris, le front découvert, le nez moyen, le visage ovale et qu'il possède un degré d'instruction de 3 (sait lire, écrire et compter).

Il sera finalement incorporé le 8 octobre 1912 comme Canonnier auxiliaire au 6e Régiment d'artillerie à pied, 6e Batterie.

Il sera classé à la 11e Batterie le 16 novembre 1912 et à la 12e le 6 décembre 1913.

En avril 1914, le 25 du mois, on le retrouve 2e Canonnier servant à la 1ère Batterie territoriale, pour une punition légère : 





(
salle de police : l'homme continue son service mais le temps libre est utilisé à faire des corvées et la nuit est passée enfermé dans les locaux disciplinaires)




Arthur Louis est détaché à la fin de l'année 1912 au Fort de Pagny-la-Blanche-Côte ou Fort Vaucouleurs. 
Il est situé dans le département de la Meuse, à 25 km au sud-ouest de Toul.

http://fortiffsere.fr/troueedecharmes/index_fichiers/Page14988.htm









Selon le Capitaine PANOT, commandant la 1ère Batterie Territoriale du 6e Régiment d'artillerie à pied, le 2e canonnier servant du service auxiliaire Arthur Louis JOANNÈS "est un bon sujet, dont la conduite et la manière de servir ont été très bonnes. Il est intelligent, assez sournois, vivant assez à l'écart de ses camarades".


Début août 1914, la guerre éclate. Arthur Louis reste au fort et ne participe pas au combat.

Que les journées devaient être longues...

Le vosgien a donc tout son loisir pour observer les allées et venues de tout à chacun dans le fort... Ce qui va le pousser à commettre l'irréparable.


Comment sa vie va entièrement basculer en cette journée du mois de juillet 1915 ?

Nous le verrons dans le prochain épisode...





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Sources :

  • Archives départementales des Vosges
  • Archives départementales de Meurthe-et-Moselle
  • Mémoire des Hommes
  • Delcampe
  • Google Maps
  • Wikipedia

2 commentaires:

  1. Puni pour avoir "déformé son képi" (si j'ai bien lu); en période de guerre !La vie avait moins d'importance que la forme d'un képi. Voyez, je suis déjà à l'écoute de cet homme qui revit sous votre plume. Je lirai la suite avec plaisir.
    Merci

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  2. Je ne connaissais pas le métier de sagard. Tu nous l'apprends.

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